Qu'est-ce que le bébé secoué ?

Le Syndrome du Bébé Secoué (SBS) ou traumatisme crânien non accidentel par secouements (TCNA) est la forme la plus grave de maltraitance envers les nourrissons et la première cause de décès traumatique chez les enfants de moins de 12 mois.


Cette maltraitance est largement documentée par la Haute Autorité de Santé (HAS), dont les recommandations de 2011 portant sur le diagnostic ont été actualisées en 2017 et sont actuellement en cours de réactualisation.

La maltraitance du bébé secoué représente une urgence médicale et constitue un problème de santé publique majeur.

Le traumatisme crânien non accidentel survient lorsqu’un adulte secoue violemment un jeune enfant. C’est le secouement de l’enfant, seul ou associé à un impact, qui provoque le traumatisme crânio-cérébral.


Les lésions observées en cas de secouement sont :

  • des lésions intracrâniennes (méninges et parenchyme cérébral) ;
  • et/ou spinales (moelle épinière et enveloppes) ;
  • et/ou oculaires.


D’autres lésions peuvent être associées :

  • lésions des parties molles de la nuque ;
  • fractures des membres ou du rachis, de la cage thoracique, en particulier des côtes, du crâne ;
  • lésions cutanées ou muqueuses à type d’ecchymose ou hématome.

L’apparition de lésions secondaires cérébrales sont favorisées par le retard de recours aux soins et le retard au diagnostic, avec en conséquence des séquelles plus importantes.

Les secousses en cause sont toujours violentes.

Ces secousses sont produites le plus souvent par une saisie manuelle du thorax du bébé sous les aisselles.

Les décélérations brutales antéro-postérieures de la tête sont responsables d’un ballottement du cerveau dans la boîte crânienne et de l’arrachement des veines ponts situées à la convexité.

Il ne peut en aucun cas s’agir de gestes maladroits ou malencontreux de la vie quotidienne.

Une chute de faible hauteur, un jeu même inadapté au regard de l’âge de l’enfant (faire l’avion avec un nouveau-né ou le lancer en l’air et le rattraper), une promenade en poussette sur un terrain accidenté ou les mouvements spontanés de l’enfant alors qu’on ne lui tient pas la tête, tout cela ne peut pas provoquer les lésions du TCNA.

Le geste de secouement d’un bébé correspond à la violence d’un accident de la voie publique à grande vitesse.

Le rapport de force entre l’adulte et le bébé rend ce dernier particulier vulnérable face à un adulte dont le poids est 10 à 20 fois plus important. Cela reviendrait, pour un adulte de 50 kg, à se faire secouer par un ours de 500 kg à une tonne.

Une violence répétée dans la majorité des cas

Un seul épisode de secouement suffit pour tuer ou handicaper à vie.

Mais dans 55% des cas, il s’agit d’une violence répétée, avec une moyenne de 10 épisodes de secouements par enfant, parfois quotidiennement ou pluri-quotidiennement.

Cette violence répétée est d’autant plus grave qu’un traumatisme qui survient sur un cerveau déjà lésé par une secousse précédente produit des conséquences plus sévères.

Une violence à huis clos

Le secouement du bébé se fait toujours à huis clos, dans le cadre du domicile (que ce soit celui des parents lorsque ce sont les auteurs, ou du domicile de l’assistante maternelle / de la nounou lorsqu’elles sont les auteurs).

Les cas de bébé secoué en garde collective (crèche) sont extrêmement rares. La présence de plusieurs adultes dans une même pièce apparaît comme protectrice pour les nourrissons.

Ce sont souvent dès les premiers moments de huis clos de l’auteur avec l’enfant que la maltraitance a lieu.

Chiffres clés

La maltraitance du bébé secoué concerne officiellement 500 bébés chaque année en France. C’est plus d’un bébé par jour.

Il est certain qu’il s’agit-là d’une sous-estimation du phénomène. Sont exclus des chiffres les enfants dont l’état n’est pas jugé suffisamment grave pour être amené à l’hôpital et à qui on ne pourra pas faire le bilan hospitalier permettant de poser le diagnostic.

Sont également exclus des chiffres les enfants victimes d’erreurs dans la pose du diagnostic.

Entre 10 et 20% des bébés secoués décèdent.

75% des bébés qui survivent développent des séquelles qui apparaissent parfois immédiatement, mais bien souvent des mois voire des années plus tard, au fur et à mesure des différents apprentissages (de la marche et de la parole, mais aussi lors de l’entrée à l’école à 3 ans voire plus tard encore). 

Ces séquelles sont diverses (épilepsie, cécité, handicap moteur, handicap mental, troubles de l’attention, etc.) ; en revanche, une fois qu’elles apparaissent, l’enfant les garde pour la vie entière.

Les chiffres énoncés apparaissent déjà obsolètes au regard de la dernière étude publiée en août 2022. Les équipes des services d’Anesthésie-réanimation, Neurochirurgie et Imagerie pédiatriques ainsi que l’équipe mobile de protection de l’enfance de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, et d’Université Paris Cité associées à une équipe de l’Inserm, coordonnées par le Dr Alina-Marilena Lãzãrescu, ont étudié les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur l'incidence et la gravité des cas de syndrome du bébé secoué chez les nourrissons en région parisienne. Les résultats montrent que, après une période de stabilité en 2020, le syndrome du bébé secoué a vu son incidence doubler en 2021 et sa mortalité décupler par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019)*.

Ce doublement du nombre de bébés secoués et la mortalité multipliée par 9 ne sont sûrement pas spécifiques à la région Ile-de-France. Il est à craindre que le phénomène soit identique sur le reste du territoire. Cette étude doit nous alarmer sur l’augmentation de la violence à l’encontre des nourrissons.

Les victimes

Les victimes sont des enfants de moins de 2 ans, presque exclusivement des nourrissons de moins de 1 an et dans 2/3 des cas de moins de 6 mois.

On observe un pic d’incidence au troisième mois de vie de l’enfant, qui correspond à la fin du congé maternité de la mère et son retour au travail, et donc aux premiers temps de garde de l’enfant par une autre personne que la mère (père seul avec l’enfant pour la première fois et/ou garde de l’enfant par un.e assistant.e maternel.le agréée ou une nourrice).


D’un point de vue épidémiologique, les facteurs de risque identifiés et liés à l’enfant sont les suivants :

  • sexe masculin (plus de 70% des bébés victimes sont des garçons) ;
  • prématurité ou complications médicales périnatales ;
  • séparation mère enfant en période néonatale ;
  • grossesse multiple ou rapprochée ;
  • grossesse non désirée ;
  • interventions antérieures des services sociaux.

Les auteurs

Ce sont principalement les hommes qui secouent les bébés, ils représentent 70% des auteurs. Il s’agit des pères des enfants, et plus épisodiquement les conjoints de la mère.

Le deuxième auteur le plus fréquent sont les assistantes maternelles agréées et les nourrices. Elles représentent 20% des auteurs.

Enfin, le dernier auteur de secouement correspond à la mère du bébé.

Il est intéressant de noter que les mères représentent moins de 10% des auteurs, alors même que ce sont elles qui passent le plus de temps avec le bébé.

Tous les milieux socio-économiques, culturels, intellectuels peuvent être concernés.

Il a été noté, d’une part, qu’une histoire de consommation d’alcool, de drogue illicite ou de violence familiale est un facteur de risque, d’autre part que les auteurs du secouement ont souvent une méconnaissance importante des besoins ou comportements normaux de leur enfant.
Il existe fréquemment, mais pas systématiquement, un isolement social et familial des parents.

(*) Alina-Marilena Lãzãrescu, Sandro Benichi, Thomas Blauwblomme et al., « Abusive Head Trauma in Infants During the COVID-19 Pandemic in the Paris Metropolitan Area », JAMA Network Open, 2022

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